Le Poussin de Mr. Koons : trop beau pour être vrai ?
Jeff Koons, le plus cher de nos modernes, collectionne les tableaux anciens ! Lumineuse idée de lui proposer, en prosélyte zélé, d’être le porte étendard du premier Salon de la peinture ancienne, Paris-Tableau, en prêtant trois tableaux issus de sa collection: « je vends du vent mais j’achète du vrai, pensez-y ! ».
Constituer une collection de tableaux est un exercice passionnant mais difficile et périlleux : l’argent, la connaissance, la ruse ou le flair n’y suffisent pas toujours. Le marché de l’art est semé d’embuches pour ses arbitres (dont nous sommes) comme pour ses acheteurs. C’est sans doute aussi ce qui en fait le charme !
Alors que penser du plus beau, du plus chaud tableau de la foire, le Poussin de Mr. Koons ? Connaissez-vous ces draperies arrondies et mousseuses au premier plan, cet amour grimaçant au canon douteux, cette matière grasse et généreuse, ces couleurs flatteuses, cette facilité générale chez le peintre philosophe ? Il y du théâtre et de l’artifice berninesque, toutes caractéristiques que nous avons cru rencontrer dans la lumineuse exposition « Charles Mellin » en 2007 à Nancy, Mellin dont déjà bon nombre de tableaux avaient glissé vers Poussin. Erreurs que l’Histoire de l’art, pas à pas et grâce aux efforts de chacun, se charge patiemment de rectifier …